Avec cette situation mondiale à risque que constitue l’infection au SARS-COV2, nous avons à régler, la question du comportement de chacun de nous, face à cette situation et ce, d’autant que nous avons le sentiment que les dirigeants politiques, semblent plutôt dépassés, concernant la conduite à dicter.
Consulter n’empêche pas de décider
Dans la mesure où le Président MACRON est jeune, il n’a ni la culture politique du terrain, ni celle de la gestion de crise, ni la pratique du discours politique de crise. Mais il faut lui reconnaître une première qualité : il essaye d’écouter au maximum les autres, pour tenter de prendre les bonnes décisions. On doit aussi lui reconnaître, une volonté farouche, de faire face à la situation et surtout, celle de la consultation d’un maximum de sachants (scientifiques, économistes, politiques, etc.) avant de d’annoncer ses choix. Cette volonté de prise de décision concertée, en plus de la jeunesse et de l’inexpérience politique du Président, crée aussi, le sentiment d’une forme d’amateurisme dans les décisions. Première remarque, le 21ème siècle étant aussi religieux que l’annonçait MALRAUX, la population préférera entendre un discours direct, martelé et faux (mais ayant la faculté de les rassurer) qu’un discours scientifique, énoncé après écoute, concertation, analyse et réflexion. Autrement dit, c’est davantage le ton que le contenu, qui fait la chanson. Le spectateur va préférer un discours qui va le rassurer et le convaincre, si possible en en faisant le moins possible, qu’un discours éclairé, qui lui expliquera les tenants et les aboutissants de ses actions et la nécessité de sa participation éclairée et active. NIETZSCHE rappelle d’ailleurs que les convictions sont peut-être des ennemis plus dangereux de la vérité, que les mensonges.
Pourtant, il est vrai que lorsque l’on ne sait pas, et même lorsque l’on sait, mais que l’on vit une situation de crise sanitaire de niveau mondial, il vaut mieux s’entourer et prendre l’attache de personnes autorisées. Pour ne pas dire qu’il est indispensable de demander conseil. Il vaut mieux prendre le temps de l’information, de l’écoute, de l’échange, de la concertation, avant de décider. En ce sens, on peut reconnaître la capacité du Président et du Gouvernement, à prendre en compte les avis des un.s.es. et des autres, contrairement à ce qu’il aurait pu faire par le passé, dans la gestion des crises précédentes.
Informer c’est prendre le risque d’être mis en doute
Le deuxième élément qui est tout aussi important, c’est la mise en place de mesures ou du moins l’annonce de mesures, visant à éviter la faillite des entreprises, à préserver l’emploi et à rassurer la population, quelle que soit sa situation professionnelle….. quitte à ne pas respecter les critères de Maastricht. Il faut aussi constater que cette capacité à mobiliser des moyens énormes, que l’on pourrait même dire démesurés, par rapport à la réalité de la crise, constitue une autre raison, une autre cause, de la jeunesse du pouvoir et de son manque d’expérience politique de gestion de crise. Mais c’est aussi la situation d’exception que constitue la crise, qui nécessite des décisions et des mesures d’exception. Autrement dit, il faut adapter les décisions politiques à la situation actuelle et, il faut bien dire qu’en ce moment, la santé somatique et psychique de la population, prime sur la santé économique du pays, voire sur l’économie tout court.
Ce deuxième argument du choix politique de la santé au dépend de l’économie, peut donner le sentiment que l’on pouvait faire autrement, que le Gouvernement et le Président, nous ont martelé pendant des mois, qu’il fallait faire des économies et maintenant, ils sont prêts à « ouvrir les vannes ». Il n’en faut pas plus, pour faire dire aux esprits chagrins, que l’on nous cache des choses. Par conséquent, tous les adeptes de la théorie du complot, en profitent pour se jeter dans cette faille, dans cette porte entrouverte, en multipliant les Fake news, les élucubrations, au-delà du raisonnement possible et imaginable. Mais c’est aussi une caractéristique du genre humain, quel que soit l’endroit du monde où il se trouve, que de penser que l’on lui cache quelque chose. Plus nous sommes éloignés du pouvoir, plus nous avons le sentiment que ceux qui le détiennent nous trompent et pire, abusent de notre bonté, pour ne pas dire, de notre crédulité. Serge REYNAL nous le rappelle : « Il y a chez eux une impuissance à communiquer, qui est comme une disgrâce d’entendement. C’est ce genre de maladie qui fait que l’on doute d’être compris, et que l’on veut d’abord s’assurer que l’on est bien compris ».
Dans un monde libéral, prime la liberté de décision
Le troisième argument est directement lié à la propagation du virus, qui se fait dans le monde entier de façon exponentielle, lorsque les mesures de protection ne sont pas respectées : 1) éviter de sortir sans nécessité et en dehors des conditions précisées par le décret du 14 mars 2020, 2) lorsque l’on sort en respectant le cadre législatif et que l’on rencontre des personnes, ne pas s’embrasser, ne pas se serrer la main et se parler à au moins 1 m de distance (gestes barrières). Nous avons tendance nous Français, pire encore, nous Antillais, à nous critiquer, en rappelant notre manque de civisme, notre manque de respect des autres, notre manque de discipline, l’individualisme forcené des autres, et toutes sortes d’incompétences dont nous serions capables. En réalité, nous nous rendons compte que, dans le monde entier, l’indiscipline sévit car, dans un monde libéralisé, de pensée, d’économie, de communication, c’est d’abord la liberté de l’individu qui est mise en avant. La liberté de s’exprimer, la liberté d’entreprendre, la liberté de se déplacer, la liberté d’agir et de faire quasiment comme bon nous semble. C’est un peu l’opinion de LOCKE, qui rappelle qu’il doit exister de façon presque naturelle, « l’égalité de naissance de tous les êtres humains, en tant qu’êtres de raison ; l’idée que tout être humain est porté, par sa nature, à rechercher son propre bien et à éviter ce qui risque de lui faire du mal ; que, dans les limites de cette contrainte naturelle, tout individu a la liberté de décider entre les différentes possibilités d’action qui s’offrent à lui, pour qu’il puisse se servir de son entendement dans ses propres intérêts, sans nuire à ceux des autres ; que la société est fondée sur la capacité de l’individu de s’asseoir avec d’autres afin d’élaborer et de faire respecter un contrat social garantissant et protégeant les droits de chacun ». C’est d’ailleurs sur cette théorie de l’entendement naturel de l’Homme que des économistes comme Adam SMITH ont construit la théorie de « la Main Invisible ». C’est aussi cette capacité naturelle fondée sur l’action que développera Anna ARENDT, à travers sa notion de liberté collective (à travers l’agir et la prise de parole) et celle de capacité de créer. « Avec le don de la liberté et de l’agir, les Hommes peuvent créer leur propre réalité. La liberté est une activité qui vise la construction de nouveaux mondes ».
Par conséquent, un tel système de pensée, répandu sur l’ensemble de la planète, entraînera forcément des comportements similaires, quelle que soit l’origine géographique, culturelle, quel que soit le régime politique, des peuples en question. Même dans un système le plus contraignant, l’individu va guetter la faille pour agir comme bon lui semble. Comme nous avons coutume de dire chez nous, les bœufs enjambent toujours la barrière à l’endroit où elle est le plus bas. Selon MILL (1859), « la plus grande menace à la liberté de pensée, de conscience, d’expression et d’action est le contrôle croissant de l’État bureaucratique qui pense mieux comprendre les problèmes des individus que les individus eux-mêmes, les ramenant ainsi à un état de passivité. Selon lui, l’action de l’État risque de dégénérer en « tyrannie sociale » en pénétrant toujours plus profondément dans les détails de la vie de chacun ».
Et ce qu’il faut constater, ce n’est non pas, comme on veut nous le faire croire, chez les Chinois, chez les Italiens, chez tous ceux qui ont connu le virus avant nous, la capacité à respecter la règle qui a réduit la contamination. Cela semble être le fruit de plusieurs facteurs : une forte contamination initiale, puis une baisse en raison du respect secondaire des consignes de quarantaine et la fin de la période d’incubation qui a révélé le nombre réel de personnes touchées, y compris celles qui n’avaient pas été dépistées et celles qui ont guérit spontanément. Il y a aussi le facteur d’impact sélectif : la maladie touche gravement et plus particulièrement les personnes les plus fragiles (celles qui cumulent les facteurs de risques). Cela veut dire par conséquent, que plus de 90% de la population infectée des pays précités a survécu à l’épidémie. Tout cela pour dire, que les pays qui ont déjà passé le cap de la pandémie, ne l’ont pas fait parce qu’ils sont plus disciplinés que nous, ils l’ont fait, parce qu’avec le temps, l’effet exponentiel diminue et par conséquent le nombre d’infections nouvelles possibles diminue aussi. La deuxième raison, et c’est celle qui nous intéresse le plus, c’est que les individus finissent au bout d’un certain temps, par comprendre puis accepter, que le confinement est effectivement la meilleure des solutions, qu’il est le comportement le plus adapté à avoir, pour éviter de multiplier cette infection.
Décision politique et liberté individuelle
La première réflexion sur cette question, est qu’il ne faut pas confondre le comportement individuel avec le régime politique. Le régime politique peut décider, comme en Russie ou en Chine, d’incarcérer tous les contrevenants à la règle de confinement au domicile. Il peut aussi décider, comme en France, de faire confiance en la capacité première et individuelle, de la majorité des individus, de respecter la règle, et de réprimer les contrevenants, de façon graduelle et individuelle, en fonction de l’infraction. Il me revient une plaisanterie que l’on faisait à l’époque de l’URSS. Lorsqu’on vous demandait ce qu’était le bonheur en URSS, vous répondiez, « c’est lorsque le KGB vient vous arrêter à deux heures du matin pour vous interner dans un goulag, et que vous répondez, non je ne suis pas Monsieur Alexandre Ivanovitch, c’est mon voisin, il habite l’appartement au-dessus du mien ». Autrement dit, que l’URSS s’appelle la Russie, qu’elle soit dirigée par le Parti Communiste ou par Vladimir POUTINE (ancien dirigeant du KGB) la mentalité ultra-répressive dans ce pays demeure. Il en est de même en Chine, à Cuba, derniers bastions communistes, où l’on vous enferme avant que vous n’ayez pu ouvrir la bouche. Par conséquent, dans des pays comme ceux-là, les personnes n’ont pas la liberté d’obéir, elles doivent le faire de gré…….. ou de force. Par conséquent, il n’y a aucune liberté de décision, il n’y a aucune initiative personnelle, il n’y a aucune responsabilité individuelle, il y a qu’une soumission à un pouvoir central.
Décision politique et culture du mensonge
Dans ces pays, on ne peut même pas discuter du respect ou non de la règle, puisque la plupart des décisions, qu’elles vous concernent directement ou non, sont prises par quelqu’un qui est au-dessus de vous. Sans compter aussi que dans ces pays, le mensonge est la première des vérités. On affirme souvent avec aplomb, une série de contrevérités, en faisant croire que le civisme, la rigueur, la responsabilité des citoyens, a permis de réduire de façon significative, le nombre de contaminations, pour finalement déclarer un nombre infinitésimal de cas. On se rappelle d’ailleurs que, lors de la catastrophe de Tchernobyl, les autorités Américains déclaraient qu’il y avait au moins 2000 morts, tandis que les autorités Soviétiques affirmaient qu’il n’y en avait que 2. Ce qui fait une différence massive, mais qui constitue un détail, lorsque l’on est un dictateur.
Par conséquent, la culture du mensonge sur le nombre de morts ou le nombre de malades, la culture du mensonge sur la discipline des citoyens, constitue le discours et l’information habituels de ces pays antidémocratiques, que l’on nomme depuis tantôt, la propagande. On sait d’ailleurs que les Brésiliens se plaignent de ne plus avoir de médecins et regrettent d’avoir renvoyés chez eux les médecins Cubains. Il y a fort à parier que l’Assistance Publique et les Hôpitaux de Paris, qui sont une référence mondiale en matière de compétence professionnelle, ne vont pas faire appel à des médecins Cubains pour soigner leurs patients. Pour ce qui est du Brésil, il est évident que, lorsque que l’on ne possède que peu de compétences médicales ou paramédicales, il vaut mieux avoir avec soi, celle d’un médecin Cubain.
L’inégalité de choix dans le système de santé : un choix culturel et humain
En ce moment de crise, malgré toutes les contrevérités qui sont affirmées, on ne peut pas comparer le système de santé français, avec un autre système de santé en dehors de l’Europe, au moins pour deux raisons. La première, le niveau de performance et surtout le niveau d’assistance et de prise en charge médicale pratiqué en France, est très nettement au-dessus de nombreux pays du monde, en dehors peut-être, des pays scandinaves. C’est d’ailleurs pour cette raison que le Président des États-Unis a fermé les frontières de son pays. Non pour protéger sa population et éviter d’être contaminé par des étrangers, comme le pensent et le souhaitent ouvertement, ceux qui pratiquent la culture de la xénophobie. Mais c’est parce que le système de soins est tellement inégalitaire, que le nombre de morts en cas d’infection, risque d’être quasiment celui d’un pays sous-développé, tant l’inégalité devant la santé sévit. Il faut d’ailleurs se rappeler que les Américains eux-mêmes, en votant pour Donald TRUMP, ont accepté de supprimer la OBAMA Care, qui permettrait de donner un minimum de soins, à un maximum de personnes, pour éviter justement, des catastrophes humaines, en cas d’épidémie. Avec le cas des États-Unis, nous avons l’occasion de tirer une première conclusion sur la justesse du choix des Hommes : lorsque la liberté de décision est donnée à l’Homme, il ne prend pas les bonnes décisions, y compris pour lui-même. On pourrait ajouter, plus encore dans un pays dans lequel la conception déterministe constitue le modèle de pensée. Un pays dans lequel tout ce qui vous arrive est mérité. Votre sort est soit la conséquence de votre incompétence, soit celle de votre manque de prévisibilité ou celle de votre mauvaise fortune. Alors qu’en France, on se bat pour conserver un minimum d’égalité devant la santé et les soins, les Américains ont supprimé le minimum de couverture sociale qui leur était proposée.
Etre Homme c’est être capable de décision pour soi et pour les autres
Or, je fais l’hypothèse que l’homme mérite d’être appelé avec Homme avec un « H » majuscule, parce qu’il est aussi capable de prendre des décisions qui le concernent directement à condition de ne pas être le jouet d’une dictature déguisée, parée ou non, des apparences démocratiques. Et c’est parce que cet Homme pourra prendre de mauvaises décisions pour lui et pour les autres, que le système policier et judiciaire le poursuivra.
Cela nous amène à notre quatrième réflexion, à propos de la décision du Président Emmanuel MACRON et du Premier Ministre Édouard PHILIPPE. Nous pensons comme nous l’avons dit, qu’il y a en apparence, une forme d’amateurisme, dans la manière de gérer la crise de la part du Président et du Gouvernement. Il faut reconnaître aussi, une volonté d’écoute et de concertation, afin d’essayer de faire le meilleur choix, au bon moment. Ce qui n’est déjà pas facile en temps habituel, même chez les personnes les plus expérimentées. Nous avons également vu, dans les pays dans lesquels l’infection avait été le plus fort (Chine, Italie) que ce n’était pas le comportement des individus qui faisaient qu’ils seraient plus ou moins des citoyens respectables, en faisant preuve de civisme, mais davantage le pays dans lequel ils évoluaient, qui pouvait être plus ou moins répressif, entraînant par conséquent, un respect plus ou moins rapide et important de la règle de quarantaine établi par les dirigeants. Règle de confinement nécessaire, il faut le rappeler, pour éviter un développement galopant de l’épidémie.
L’adaptation de l’Homme à la situation de crise
Il nous semble entrevoir entre la répression farouche ou le maniement habile de la carotte et du bâton, une troisième voie, qui serait celle d’un comportement adapté à la crise. Parce que l’homme va nécessairement à un moment, réfléchir et faire le choix de ce qui est le mieux dans son intérêt, pour peu qu’il soit élevé dans une culture de la réflexion et de l’analyse, pour peu que l’on lui laisse une liberté de réflexion, pour peu que l’on lui laisse le délai de réflexion, pour peu que l’on lui apporte des arguments, qui pourraient lui permettre de prendre sa décision de manière éclairée, dans son intérêt, dans celui de ses proches et de ses compatriotes. Pour ce faire, nous pensons nécessaire d’agir sur plusieurs critères, selon le modèle de la Psychologie de la Santé, telle que la définie, Marie-Lou BRUCHON-SCHWEITZER (2008).
« La psychologie de la santé se distingue des domaines voisins, tout en leur faisant quelques emprunts. Comme l’épidémiologie, elle prend en compte divers facteurs contextuels (caractéristiques socioéconomiques, sociodémographiques, styles comportementaux…); comme les approches psychosomatiques, elle inclut des antécédents dispositionnels (personnalité, événements de vie, représentations, croyances) ; comme les approches biomédicales, elle intègre les caractéristiques physiques et la santé antérieure. Mais elle s’en distingue, d’une part, parce qu’elle ne privilégie a priori aucun des antécédents pouvant déterminer la santé ultérieure et, d’autre part, par l’importance qu’elle donne aux processus transactionnels « actuels » (perceptions, cognitions, émotions). Les processus transactionnels les plus étudiés sont le stress, le contrôle perçu, le soutien social perçu, mais aussi les états émotionnels et les affects résultant de la transaction entre un sujet et une situation (états anxieux, états dépressifs, colère…). Ainsi, la psychologie de la santé prend en compte les déterminants classiques des maladies, mais sans en privilégier aucun. Ces processus transactionnels, surtout élaborés face aux situations aversives de la vie, peuvent moduler les relations entre antécédents et issues de santé. Certains de ces processus auraient des effets « fonctionnels » (ils protégeraient l’individu), d’autres auraient des effets « dysfonctionnels » (ils rendraient l’individu plus vulnérable).
Cette branche de la Psychologie permet aussi de comprendre pourquoi et comment, nous avons des comportements inadaptés et surtout, comment le modifier pour avoir des conduites adaptées. « La psychologie de la santé a donc tenté d’intégrer des facteurs qui avaient été étudiés séparément. Tout d’abord, les antécédents sociodémographiques, biographiques, médicaux, ou encore dispositionnels (caractéristiques durables de la personnalité et de la cognition). Ces derniers peuvent avoir des effets pathogènes (croyances irréalistes, styles de vie à risque, anxiété, affectivité négative…) d’autres des effets protecteurs (lieu de contrôle interne, résilience, affectivité positive…) (BRUCHON-SCHWEITZER, 2002, pp. 161-283).
Par conséquent, nous pensons, en observant les différents pays qui ont subi le confinement, et en prenant en compte les critères de la Psychologie de la Santé qui sont : l’état de stress, le contrôle perçu, le soutien social perçu, mais aussi les états émotionnels et les affects résultant de la transaction entre un sujet et une situation (états anxieux, états dépressifs, colère) que le comportement humain s’adapte nécessairement au bout de 5 à 7 jours lorsqu’il reçoit une information irrégulière. Ce délai d’adaptation peut être réduit, lorsqu’il a la possibilité d’être régulièrement informé de la situation, par des personnes référentes (représentants de l’Etat et personnalités du monde politique et économique) à travers des organes officiels (la presse). Il peut alors la comprendre, puisque le principe de la pédagogie, c’est la répétition, afin de permettre la compréhension. A cela s’ajoutent les moyens graduels et adaptés de réprimer son manque de respect de la règle établie. Il faut par conséquent plusieurs critères, afin que le sujet puisse adopter un comportement adapté.
Il faut une habitude d’écoute, une habitude de réflexion, une habitude d’analyse, une habitude d’argumentation. Cette culture de la réflexion est actuellement défaillante, car il faut fournir de la matière argumentée, et il faut aussi informer qu’en cas de non-respect de la règle, il y aura des punitions et que cette punition soit effective, progressive et qu’elle puisse être comprise, par les contrevenants. Autrement dit, le comportement de l’individu devant la crise, nous semble davantage relever d’un équilibre, entre compétences initiales de l’individu, niveau d’information initiale, niveau de préparation initiale, informations transmises, régularité de l’information, de façon transparente et directe, transmission des informations à travers des médias officiels et par des personnes référentes, et la possibilité pour lui, de vérifier les sources, l’explication des restrictions, ainsi que de la sanction qui sera prise. Et ce, afin de valoriser le respect de la règle et de punir ceux qui ne l’ont pas respectée. Nous pensons par conséquent qu’il sera nécessaire de continuer à informer régulièrement par le biais des médias classiques, que sont la télévision et la radio, les individus, en répondant aux questions des appelants, en expliquant 10 fois, 20 fois, la situation, à la fois les gestes barrière, mais la manière dont l’individu peut se protéger et en personnalisant le discours. En effet, il faut rendre la personne responsable de son comportement, lui dire que c’est d’elle que dépend sa bonne santé, celle de ses proches, de celle qu’elle aime et de celle de ses compatriotes en général, afin qu’elle puisse, adopter le comportement adapté qui est nécessaire pour la gestion et la sortie de crise. On peut agir sur l’individu en agissant sur le message, sa personnalisation, sur le niveau d’information, sur la réponse aux questions des citoyens. Il est nécessaire de répondre aux questions de manière claire précise, afin de réduire l’anxiété et dépasser l’effet des fakes news. C’est ainsi que l’on va réduire le délai de respect le plus rigoureux possible du confinement car pour l’instant on n’a pu réduire un délai minimal de trois semaines. En sachant qu’il existe toujours, avant adaptation du comportement adapté, un délai de réaction (surprise, refus initial, doute, etc.) qui est de 24 à 48h, mais il est, au moment où nous écrivons, déjà passé. Vient ensuite la gestion du confinement. Pour ce faire, il faudra toujours apporter une information, la relayer par des personnes reconnues par le public (soignants, sportifs, artistes, en plus des personnalités politiques). Afin d’être certain que tout le monde se reconnaître au moins dans l’une de ses personnalités et adaptera le bon comportement qui lui est indiqué. Il faut aussi une planification des journées, à la fois pour les adultes, pour les enfants et pour la cohabitation des individus. Il faut réinvestir et pousser les personnes à réinvestir leur lieu de vie. Cela leur permettra de se sentir bien chez soi, car la société valorise de façon prioritaire l’être social : l’être d’activité professionnelle, l’être de relation. Or le premier lieu à investir c’est notre domicile, c’est un lieu personnel, pensé, voulu, agencé à notre manière, selon nos gouts. Il faut par conséquent continuer à organiser, à agencer, à améliorer ce lieu toujours selon notre souhait, en concertation avec nos proches. Il faut appeler aussi à la solidarité : prendre des nouvelles par téléphone de nos proches, veiller à ce qu’ils ne manquent ce rien. Il y a la possibilité de leur faire livrer des produits que nous voulons mettre à disposition des personnes les plus fragiles. Il faut rappeler aussi que nous n’allons pas manquer de nourriture et que ce n’est pas la peine de dévaliser les supermarchés. Et pour terminer, rappeler la nécessité de préserver celles et ceux qui sont obligés de travailler : les soignants, les artisans, les salariés des commerces de proximité, les policiers et gendarmes, etc. Ils sont déjà suffisamment exposés au risque infectieux pour que nous ne leur fassions pas courir davantage. Avant de décider de réaliser une action à l’extérieur de chez nous, en dehors des missions prévues, demandons-nous si cette action est vitale (je dis vitale et non impérative). Et si nous sortons, allons-nous croiser du monde et donc prendre le risque d’être contaminé ou de les contaminer ? Et si nous sommes contaminés pensons à notre retour à la maison, aux personnes que nous aimons et que nous allons contaminer. Je ne parle pas de la multiplication de la contamination à travers les personnes que nous avons croisées, qui rentrent chez elles après avoir fait le tour et prendre directement des nouvelles de tous ses ami.e.s. Alors, pour nous, pour celles et ceux qui nous sont cher.e.s. et pour nos compatriotes, préservons nous, préservons les.
Errol NUISSIER, le 18 mars 2020.